Un détour par les Iles de l'Atlantique 2011/2012

lundi 7 mai 2012

2100 milles plus tard

Un jour, nous nous sommes levés et nous sommes partis pour traverser l’Atlantique vers Florès.
La durée du Voyage de TAOZ sur un an implique un formatage mental qui aujourd’hui porte ses fruits en nous permettant d’envisager positivement le fait que nous sommes indubitablement sur le chemin du retour. Avantage de la visibilité et optimisme lié aux prochains changements côtoient un imaginaire matérialisé autour de la possibilité d’une maligne et douce Crusoëtude.
Ce n’est certes ni la fin ni l’heure des bilans mais tout cela sent quand même la fin de parcours et les dernières escales. A ce jour, le Voyage de TAOZ nous a comblés et nous avons pleinement habité le projet dans sa réalisation. Adrien : « j’aimerais tant revoir Papylin », Raphaël : « moi aussi et voir la nouvelle maison de Kérinis ». On y a va les garçons, on y va…
La transat retour se joue en 2 actes. Une 1ère semaine douce et fidèle aux prévisions de temps médium de part et d’autre de l’orthodromie, la fameuse route « sud » considérée aux dépens d’une route nord traversée par de nombreuses dépressions ces temps-ci. Une seconde semaine plus ventée et quelque peu plus fraîche et humide, mais favorable à un run final sur Florès. Il y a en nous et indépendamment de la réalité sur le terrain, 2 parties. La 1ère est une phase ascendante au cours de laquelle on décompte ce qui nous rapproche de la moitié. Et la seconde qui en soi porte déjà la projection de l’achèvement et les symboles des étapes suivantes. La mer s’est refroidie et nous paraît glaciale. On hume dans l’air des senteurs que l’on veut sentir. L’idée du déplacement et de ses changements prend le pas sur la plus simple réalité. Malgré cela, les heures se succèdent au fil des tâches devenues rituels, fin de quart matinal avec les enfants, groupe électrogène et fichier grib, discussion sur la météo, lectures – en grandes quantités – point géographique, repas, alternance de temps de repos et de veille… et l’organisation a dû changer et se concentrer sur l’essentiel lorsque le pilote nous a joué un mauvais tour à 700 milles de l’arrivée et que nous avons enchaîné des quarts de de barre chacun nuit et jour.

Raphaël est venu au bout de la mythologie grecque en 100 épisodes et Adrien connaît par coeur Le Livre de la Jungle. Tout cela grâce à Anne-Gaël qui leur fait la lecture plusieurs heures par jour.
Les grains se succèdent aux grains, ondées chutant du ciel et la mer crépite, le bateau crépite, mon ciré crépite. Les enfants jouent dans le carré à la 1ère guerre mondiale des tranchées dans les étoiles alors qu’il y a 25 nœuds et 3 mètres de houle. La houle longue qui surpasse l’horizon, au-delà d’une mer vide et immense. Nous inventons de nouvelles couleurs pour la mer, bleu Atlantique, encre abyssale. Nous croisons quelques dauphins, beaucoup de physalies et une baleine.
Dans les semaines qui ont précédé le départ de St Martin, il m’arrivait de me réveiller la nuit en ne sachant plus où nous étions ni même si nous nous trouvions à terre, au mouillage ou en mer. Ce n’est qu’après une rapide énumération des dernières escales et leur mise en ordre chronologique que soudain la réalité revenait à elle comme si en marge de la mémoire précise et individuelle de chaque instant, se dessinait aussi et déjà une empreinte aux contours moins matérialisés que le souvenir lui-même .
Je nous sais bientôt habités par de nouvelles chimères.

Un petit matin, à peine distincte de la masse nuageuse qui l’enveloppe, TERRE !! C’est Florès.


Les kids à l'avant du bateau, on distingue des dauphins sur le tribord de l'étrave















Lever de soleil

















Adrien au petit matin















Raphaël, presqu'un homme !!















Navigation sous le soleil

















Anne-Gaël prête pour un quart nocturne























Moa. 

















A l'approche de Florès.

1 commentaire:

  1. Wahoo, bravo!! Il reste plein de cases inoccupées sur la frise alors ...
    Contentes de vous savoir a l'abri avant le coup de vent annoncé.
    Quant a nous, on décolle dès qu'il y a du vent...humide et froid vous avez dit? Ca fait envie :-S
    Profitez bien des Acores!

    Les Saltimbanques

    RépondreSupprimer